Velma et Harold sont le frère et la sœur d’Annie. Annie est « différente ». C’est comme ça que les gens polis disent. Elle a un chromosome en plus. Et de la gentillesse, de la fantaisie, de l’amour en plus, aussi. Elle a un travail, des amis et une passion : les majorettes. Et Annie est très heureuse parce que, pour la première fois, sa troupe aura l’honneur de défiler lors de la fête du printemps de la ville. Mais voilà, l’entraîneuse ne veut pas d’elle pour cet événement : elle n’est pas au niveau, elle est dodue… Bref : elle est « différente ». C’est bête et méchant. Ça mord Annie et les siens, presque plus. Alors, qu’à cela ne tienne : Annie défilera, avec son équipe brinquebalante, un peu nulle mais flamboyante. Ses majorettes un peu barjo. Ses barjorettes, quoi.
Ma chronique :
Emilie Chazerand est mon héroïne. Elle trouve toujours le mot juste pour parler de sujets sensibles et/ou tabous. Elle donne un bon coup de pied dans la fourmilière et après, on doit faire avec tout ce bazar. Ici, il s’agit de l’histoire d’Annie. Annie a un chromosome en trop. Un tout petit bidule en plus qui la rend unique. Même si les gens la regardent, la fixent, l’observent et jugent sa différence, Annie est le soleil de la famille Desrochelles. Elle réchauffe le cœur de sa maman qui a sacrifié toute sa vie pour son bébé si différent. Elle fait rire son papa qui est parfois (souvent) maladroit mais qui rêve juste du meilleur pour ses enfants. Elle est la bouffée d’oxygène d’Harold qui, malgré ses 18 ans, n’est encore qu’un enfant perdu dans un monde trop compliqué. Mais elle est aussi la confidente et la moitié de Velma, sans qui la vie serait bien fade. Certes, le quotidien aux côtés d’une personne avec un handicap est loin d’être évident mais c’est en se serrant les coudes et en envoyant bouler les conventions que la famille Desrochelles sera la plus heureuse de Couronne ! J’ai vécu tous les hauts et les bas aux côtés de ces personnages si touchant. Ils sont devenus ma famille, je m’y suis accrochée comme à une bouée de sauvetage. J’ai adoré leur vie, j’ai admiré leur courage mais aussi leurs faiblesses quand il a fallu les affronter. J’ai ri, pleuré, crié, fulminé, bref, une magnifique palette d’émotions qui vous touche là où ça fait mal. L’autrice a réussi à changer mon regard sur la trisomie 21. Elle a réussi à me faire adorer Annie comme si elle était ma propre sœur. Elle a réussi à me la rendre familière et à ce que je la comprenne sans difficulté. Et pour tout ça, pour toute cette tranche de vie insolite, je ne peux que vous OBLIGER à dévorer ce roman jeunesse qui en vaut largement la peine. Il est plus qu’important de parler d’handicap sans que cela soit obligatoirement rempli de mots scientifiques ou médicaux. Juste d’humain à humain. De personne unique à une autre personne unique. Alors vous aussi, plongez dans la vie d’Annie, je vous certifie qu’elle va devenir votre meilleure copine.
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